C’est par cette logique que s’est laissé guider Son Excellence Père Vasile, notre père qui est parti sur le chemin de l’éternité. Personnellement, je suis reconnaissant à cet homme humble et doux, qui m’a pris sous son aile protectrice depuis que j’étais un jeune séminariste. J’ai vu en lui le Bon Samaritain, qui allait partout pour servir le Christ dans les plus pauvres parmi les pauvres. Il faisait cela avec beaucoup d’esprit de sacrifice, sans diminuer son programme de prière et de service.

Par son service, le Père Vasile Fluieraș nous montre que la mission de l’Église est nourrie par la prière et par l’écoute de la parole de Dieu. Sa vie est un témoignage sur la dignité et le privilège du service humble. Il a choisi d’être le serviteur des plus humbles, comme une véritable mère des pauvres, comme on l’appelait parfois ironiquement. Il s’est penché sur ceux qui souffraient de diverses formes de pauvreté, en les aidant avec beaucoup d’amour et bienveillance. Il offrait son aide et ses dons infatigablement et sans penser aux coûts.  Le cri de Jésus sur la Croix : « J’ai soif » (Jn. 19, 28), qui exprime la profonde nostalgie de Dieu pour l’homme, est entré dans l’âme de Son Excellence le Père Vasile et a trouvé dans son cœur un terrain fertile. L’assouvissement de la soif de Jésus pour l’amour et pour les âmes est devenu le seul désir de sa vie et la force intérieure qui l’a amené à renoncer à lui-même et à offrir sa vie pour le salut et la sanctification des plus pauvres parmi les pauvres.

« Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25, 40). Ce fragment évangélique, si crucial pour comprendre le service apporté par  le Hiérarque Vasile aux pauvres, fut la base de sa conviction remplie de foi, selon laquelle en touchant les corps souffrants des pauvres, il touchait le corps du Christ. Son service était dirigé vers Jésus Lui-même, caché sous les vêtements repoussants des plus pauvres parmi les pauvres. En Le reconnaissant, il L’a servi avec dévotion et délicatesse, en se faisant un signe de l’amour et de la compassion divines, en amenant les hommes à Dieu et Dieu dans le cœur des hommes. La lourde souffrance par laquelle il a été éprouvé pendant ses dernières années l’a amené à s’identifier de plus en plus à ceux qu’il avait servi quotidiennement, sans aucune arrière-pensée.

Il fut, je le crois fermement, une grande bénédiction pour notre époque, et pour moi ce fut un grand privilège de faire partie du grand nombre de ceux qu’il a servis et aimés. Je le prie de tout cœur de m’aider et nous aider tous à suivre son exemple, en servant avec joie et le sourire aux lèvres chaque personne que nous rencontrons.

† L’Évêque Théophile de Ibéria