Ajouté le: 3 Juillet 2020 L'heure: 15:14

Un Patriarche charismatique pour des temps atypiques

Le 22 juillet 2020, c’est l’anniversaire des 69 ans du Père Patriarche Daniel. D’ici, de Cluj, à côté de la svelte cathédrale érigée par l’évêque Nicolae Ivan, nos pensées les meilleures se dirigent vers sa Béatitude, et nous prions le Bon Dieu de lui faire don de beaucoup d’années en bonne santé.

Le 4 novembre 1933, la veille de la consécration de la monumentale cathédrale de Cluj, L’évêque Nicolae Ivan adressait au Patriarche Miron Cristea les paroles suivantes : « c’est un vrai miracle de voir réellement ici, dans cette ville de l’exclusion, dans la ville de nos humiliations et de nos souffrances terrestres, les croix de cette imposante Cathédrale orthodoxe se dresser vers le ciel... »1. L’éparchie avait été rétablie dès 1921, et son retour à la vie avait été anticipé par la fondation du Consistoire Éparchial de Cluj, en 1919, après la Grande Union des Principautés roumaines.

La même année avait été créée aussi l’Université roumaine de Cluj, « la plus importante institution roumaine du début de la nouvelle ère historique »2. Dans son discours inaugural, Vasile Pârvan esquissait, en se servant du langage de l’époque, l’intention spirituelle programmatique de cette Université : « Les chantres divins de la beauté, prophètes incomparables de la vérité, offriront la vision du sublime, dans une forme roumaine au rythme transcendantal, à tous les peuples et à tous les temps... Ouvre donc tes ailes, âme de ma nation, frappes-en puissamment et amplement l’air du monde d’ici-bas et prends ton envol, tel un aigle, vers les horizons sereins et purs »3.

À présent, pendant ces temps difficiles, Sa Béatitude le Père Patriarche Daniel a érigé «un édifice pour l’éternité», parce que celui-ci, la Cathédrale Nationale, parlera à travers les années de la foi, de l’esprit sacrificiel et de l’amour envers les valeurs spirituelles de toute une génération.

En fait, la personnalité même de Sa Béatitude est à la mesure de cet édifice et c’est pourquoi j’avais intitulé l’un de mes écrits : « Un patriarche puissant pour des temps difficiles ». Et ce serait ne pas être sincère que de ne pas reconnaître que nous vivons en effet des temps difficiles. Ils le sont non seulement si nous pensons à la situation économique précaire, ce qui est évident, mais aussi en nous référant à la situation spirituelle. En parlant de ces temps, le Saint Apôtre Paul disait : « ... dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux » (2 Timothée 3, 1-2).

Abba Pambo, dans le même esprit, disait prophétiquement : « dans de tels temps, l’amour de beaucoup d’âmes se refroidira et il y aura beaucoup de chagrin... et encore le manque de foi, la débauche, la haine, les querelles, la jalousie, la contrariété, le vol et l’ivrognerie se saisiront du peuple »4.

Aussi bien les prophéties bibliques que les prophéties patristiques parlent des passions qui dominent aujourd’hui : l’avidité, la sensualité et l’individualisme exacerbé. L’homme qui se pose des questions spirituelles se bat contre cet état des choses, sachant que son combat n’est pas « contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » (Éphésiens 6, 12). Le monde où nous vivons doit être exorcisé du mal et remis sur le chemin du bien.

Celui qui porte le flambeau dans ce combat, c’est Sa Béatitude le Patriarche Daniel, un Patriarche puissant pour des temps difficiles. Et l’un des bastions qu’il érige devant le déferlement du siècle qui peut nous submerger, c’est la Cathédrale du Salut de la Nation. 

L’esprit dans lequel agit et prie Sa Béatitude est celui qui a animé Miron Cristea, le premier Patriarche de Roumanie, qui le 1er décembre 1918, à Alba Iulia, priait ainsi : « Seigneur notre Dieu, Tu es notre Père, Tu as vu les tribulations de nos pères et Tu as entendu leurs cris, car ils étaient devenus comme une fleur sous la gelée de l’hiver, et leur âme était courbée vers la poussière, et leurs corps était collé à la terre »5. Et si le premier Patriarche et les quatre qui ont suivi, à cause des tribulations de toute sorte, n’ont pas pu ériger cet édifice pour l’éternité, c’est le sixième Patriarche qui l’érige.

Avec toute son ouverture vers le monde, vers les valeurs européennes et l’œcuménisme, notre Patriarche reste enraciné dans la Tradition de ses prédécesseurs. Il croit et il confesse, comme ont cru et ont confessé nos ancêtres depuis la nuit des temps. Il croit en Dieu, Consubstantiel dans l’Être et Trinitaire dans les Personnes, Qui nous a tous créés, nos ancêtres et nous, Qui nous a protégés et élevés à travers les siècles dans la terre qu’Il nous a donnée pour qu’elle fructifie en nous la force du corps et la sagesse de l’esprit.

Le Patriarche est « la figure imposante, sage, ferme, stable, sereine, claire dans la pensée, à l’esprit prophétique, affable, liée à sa nation par le sceau et le sens de la foi, étant bon jusqu’à l’éminence, théologien, humaniste accompli, à même de renoncer au privilège du volontarisme, de l’illusion et de la liberté extérieure, et ordonnant toute sa vie de façon à ce que, dans le monde qu’il sert, il n’y ait plus d’erreurs incorrigibles »6.

Plus que partout, ici, à Cluj-Napoca, la capitale de la Transylvanie, nous comprenons que le Patriarche est le signe de normalité et de vie d’une Nation, le garant et l’apologète des « valeurs destinales », comme la Foi, la Patrie, la Langue, le Peuple, la Sainteté et l’Immortalité. Lui, le Patriarche, est destiné, consacré, oint pour être pour l’Église et notre peuple le sens moral, la mémoire de l’archétype, « alors qu’il nous a été donné d’écrire notre vie avec trop de silences et par des temps trop sombres »7.

Dans le combat avec les défis du monde contemporain, sécularisé et matérialiste, il porte le flambeau du maintien de l’orthodoxie et des valeurs nationales. Le Patriarche s’attriste et souffre de tout ce qui peut attrister et faire souffrir le Sauveur. Et il y a beaucoup de choses qui Le font souffrir, car le péché et la souffrance abondent dans le monde. « On commet des crimes, des suicides, des vols, des apostasies, des profanations et des injustices. On hait, on trompe, on ment, on calomnie, on parjure, on convoite le bien du prochain ; certains s’enivrent, d’autres s’enveniment, se querellent, se battent, se détestent, les époux se séparent, on corrompt les jeunes et les enfants, on avilit dans beaucoup d’hommes « l’image et la ressemblance de Dieu »”8.

Les patriarches, dit Nicétas Stéthatos, ont sur terre un service semblable à l’ordre angélique des Trônes, devenant porteurs de Dieu dans leur dignité, proches des Apôtres9. Sous l’inspiration du Saint Esprit, lorsqu’ils enseignent, ils se montrent co-célébrants avec Dieu. Lorsqu’ils font leur demeure dans l’éternité, ils reposent dans la gloire, avec les Trônes célestes, parce que dans la hiérarchie terrestre ils les ont préfigurés.

Un vénérable père, méditant au service pontifical, écrivait : « Une grande grâce de l’Esprit Saint a été donné aux Évêques. Ils sont placés plus haut que tous : tels des aigles ils s’élèvent dans les hauteurs et de là ils voient s’étendre des horizons infinis. C’est par la connaissance de Dieu qu’ils paissent le troupeau du Christ. Le Saint Esprit a établi dans l’Église des évêques pour paître le troupeau du Christ (Actes 20, 28). Si les fidèles se souvenaient de cela, ils aimeraient leurs Pasteurs d’un grand amour et se réjouiraient de tout cœur à la vue de l’un d’eux »10.

En Roumanie, celui qui est placé plus haut que tous, portant un regard perçant d’« aigle spirituel » sur la manière dont se déroule la vie spirituelle du peuple roumain, c’est le Patriarche Daniel. Dans ces temps troubles où les choses doivent être remises dans le droit chemin, l’attitude ferme de Sa Béatitude est salutaire pour nous. Je rappelle seulement quelques-unes de ses œuvres la réintroduction de la religion dans les écoles publiques, la Loi des cultes, des lois qui prévoyaient la récupération des propriétés de l’Église, la salarisation du clergé, et bien d’autres.

Le Patriarche Daniel n’a laissé de côté aucun problème du monde contemporain. C’est pourquoi, à l’initiative de Sa Béatitude, chaque année liturgique est dédiée à un problème qui tourmente la société. Cette année a été dédiée à la famille chrétienne qui est dans la souffrance et implicitement aux deux Sacrements importants liés au destin de la famille le Baptême et le Mariage.

Dans une communication à l’occasion d’un congrès international, Sa Béatitude affirmait à juste titre que « la famille chrétienne est l’espérance de la Roumanie ». Et en fait, la famille est l’espérance du monde entier. Il soulignait avec beaucoup de justesse que « il y a toujours eu des crises dans la famille. Mais aujourd’hui la famille naturelle, traditionnelle traverse une crise, en mutation vers un avenir confus et incertain »11.

Il nous montre également la voie d’issue de cette situation : s’approcher de Dieu. « À cause de la crise spirituelle profonde de la civilisation contemporaine, surtout européenne et nord-américaine, où la déchristianisation et la sécularisation deviennent une note dominante de la vie humaine individuelle et sociale, le monde s’effondre »12. Malgré toutes les difficultés, il n’y a pas d’autre solution que le retour à une vie spirituelle normale.

Nous n’avons pas la place ici pour donner un aperçu exhaustif de la biobibliographie de Sa Béatitude, mais nous allons tout de même mentionner quelques repères.

Il est né le 22 juillet 1951 à Dobreşti, au département de Timiş. Il a fait ses études secondaires au lycée de Lugoj, l’Institut Théologique à Sibiu, son Doctorat à Bucarest et des études de haute théologie à Strasbourg et Fribourg-en-Brisgau.

Le mentor du jeune Dan Ilie Ciobotea a été le grand théologien Dumitru Stăniloae qui, lors de la soutenance de la thèse de doctorat, affirmait : « L’examen de la thèse a prouvé au jury qu’il avait devant lui un candidat bien préparé, bien informé et surtout rempli du désir et du zèle de vivre une vie théologique et spirituelle profonde. Nous avons besoin de telles personnes, qui vivent l’enseignement de notre Église. La véritable spiritualité du prêtre est celle-ci : de vivre de manière à pouvoir répondre aux questions de l’homme contemporain, tout en restant un prêtre véritable »13.

Avec des doctorats en théologie à Strasbourg et Bucureşti, il a été validé comme un fin et profond théologien aux écoles de Bossey, Bucarest et Iaşi. Mais, chose rare, le théologien remarquable a été doublé d’un homme exceptionnel avec un charisme pastoral et administratif.

Il est devenu moine au monastère de Sihăstria, il a été Conseiller Patriarcal, pendant une brève période Évêque Vicaire à Timişoara mais surtout un Métropolite remarquable de la Moldavie et de la Bucovine. Il devient Patriarche de la Roumanie par une douce journée d’automne, le 12 septembre 2007.

Lorsque, à la fin du mois de janvier 2011, Dieu a rappelé à Lui le Métropolite de Cluj, Bartholomée, de glorieuse mémoire, le Patriarche a géré avec beaucoup de sagesse et équilibre l’intérimat et les élections qui ont suivi. De cette attitude spirituelle et de bonne volonté ont profité notre Archevêché, notre Métropole et le signataire de ces lignes.

Au-delà de sa mission ecclésiale prodigieuse qu’il développe dans le pays et dans la diaspora roumaine, Sa Béatitude a fait et continue de faire partie de nombreux organismes internationaux tels que : le Conseil Œcuménique des Églises, la Conférence des Églises Européennes et bien d’autres. Il est membre titulaire de l’Académie Internationale des Sciences Religieuses de Bruxelles et le Président de la Fondation Internationale « L’Humanité ».

Il a été honoré de beaucoup de titres et distinctions, parmi lesquels nous rappelons : l’Ordre du Service Croyant en grade de Grande Croix, accordé par le Président de la Roumanie, le Prix « Pro Humanitate » accordé par la Fondation Européenne pour la Culture « Pro Europa », Berlin, Docteur Honoris Causa de l’Université Catholique « Sacred Heart », Fairfield, Connecticut – U.S.A., Sénateur d’honneur de l’Université du Danube inférieur, Docteur Honoris Causa de l’Université des Arts «George Enescu» de Iaşi, l’Ordre National l’Étoile de la Roumanie en grade de Grande Croix, Bucarest, accordé par la Président de la Roumanie, Membre d’honneur de l’Académie Roumaine, Docteur Honoris Causa de l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu, Docteur Honoris Causa de l’Université « 1er Décembre 1918 » d’Alba Iulia, Docteur Honoris Causa de l’Université « Aurel Vlaicu » d’Arad, Docteur Honoris Causa de l’Institut de Théologie Orthodoxe « Saint Serge » de Paris, Docteur Honoris Causa de l’Université « Eftimie Murgu » de Reşiţa, Docteur Honoris Causa de l’Université d’Oradea, Docteur Honoris Causa de l’Université « Al. I. Cuza » de Iaşi, Docteur Honoris Causa de l’Université « Babeş-Bolyai » de Cluj.

Il a fondé beaucoup d’écoles et d’institutions culturelles, parmi lesquelles nous mentionnons : la Faculté de Théologie Orthodoxe « Dumitru Stăniloae » de Iaşi, le Séminaire Théologique Orthodoxe « Sainte Parascève » d’Agapia, le Séminaire Théologique Orthodoxe de Botoşani, le Séminaire Théologique Orthodoxe de Dorohoi, l’École Supérieure Théologique et Sanitaire de Piatra Neamţ, l’Académie « Saint Jean de Neamţ » du Monastère de Neamţ, l’École Supérieure Théologique et Sanitaire de Iaşi, le Centre Métropolitain de Recherches T.A.B.O.R. de Iaşi, le Centre Culturel-Pastoral « Saint Daniel l’Ermite » de Durău, la Bibliothèque Œcuménique « Dumitru Stăniloae » de Iaşi, le Séminaire Théologique Orthodoxe « St. Basile » de Iaşi, le Séminaire Théologique Orthodoxe de Piatra Neamţ, l’Institut Œcuménique « St. Nicolas » de Iaşi, l’Institut Culturel-Misionaire TRINITAS (Éditions Trinitas, la typographie et la Radio Trinitas) de Iaşi, le Centre de Presse « Basilica » (Radio Trinitas, TV Trinitas, le journal Lumina, l’Agence de presse « Basilica » et le Bureau de Presse du Patriarcat Roumain) de Bucarest, les Éditions Basilica du Patriarcat Roumain, les Éditions Cuvântul Vieţii [Parole de Vie] de la Métropole de la Munténie et de la Dobroudja ; et bien d’autres.

Dans l’esprit de l’Évangile de notre Sauveur Jésus Christ, il a fondé de nombreuses institutions sociales : le cabinet dentaire « St. Pantelimon » de Iaşi, l’Association des Médecins et des Pharmaciens Orthodoxes de Roumanie, le Département socio-caritatif « Diaconia», de Iaşi, des cantines pour les pauvres à Iaşi, Paşcani, Dorohoi et Hârlău, le dispensaire « Sts. Ap. Pierre et Paul » de Iaşi, le Centre de diagnostic et de traitement « Providence » de Iaşi, la Fondation « Solidarité et Espérance » de Iaşi, l’Institut social-caritatif « Diaconia » de Iaşi, les Centres Socio-Culturels des Monastères de Neamţ et Miclăuşeni, auxquels nous pourrions ajouter beaucoup d’autres.

Il a initié le projet « Aucun village sans église et maison paroissiale », programme grâce auquel sont apparues des centaines d’églises et ont été organisées plus de 300 paroisses. Ont été fondées dans l’Archevêché de Iaşi cinq nouveaux diocèses et plus de 40 monastères.

Pour donner un nouveau souffle à la vie ecclésiale, Sa Béatitude a organisé des pèlerinages avec des saintes reliques, des réunions nationales et internationales de jeunes, des programmes éducatifs et des projets avec beaucoup d’impact, comme « le Christ partagé aux enfants » et « Choisis l’école », pour n’en mentionner que deux.

À côté de tout ceci, et de toutes ses obligations pastorales, il s’est impliqué dans la vie académique en écrivant des livres et des études d’une grande utilité pour le bon fonctionnement de nos institutions théologiques et missionnaires. Nous pouvons ajouter qu’il a traduit en français des écrits du Père Dumitru Stăniloae, qu’il a écrit en français plus de 45 études et articles, 35 études et articles en anglais, 19 en allemand, 14 dans d’autres langues. Certainement, d’autres travaux de grande valeur ne tarderont pas à voir le jour.

Tout cela représente une preuve de l’ouverture de Sa Béatitude Daniel vers les tourments du monde contemporain, mais démontre en même temps un puissant enracinement dans la Tradition vivante de l’Église. En effet, lors de l’installation, il avait déclaré qu’il allait continuer la mission et la tradition de ses prédécesseurs de bienheureuse mémoire. En plus, par rapport à ceux-ci, en se servant des moyens modernes, comme la radio et la télévision, il partage la conviction inébranlable de Saint Paul, à savoir que la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. (Romains 10, 17).

En tant que Père spirituel suprême de l’Église Orthodoxe Roumaine, il est particulièrement préoccupé par « la faim et la soif pour Dieu » de son peuple, selon le titre qu’il a donné à un recueil d’homélies pour le Grand Carême14. Les préoccupations spirituelles sont une nécessité et seule la foi donne du sens à notre existence éphémère, affirme le Père Patriarche dans « Flambeaux pour la Résurrection » : « L’homme voit et sent que tout autour de lui est changeant et éphémère, qu’il est lui-même éphémère et il est en quelque sorte obligé de constater que l’existence elle-même est passage, transformation, on vient de quelque part, de l’inconnu et on se dirige vers quelque part, toujours vers l’inconnu. Mais la foi, comme lien vivant de l’homme avec Dieu le Créateur de tout être, donne du sens et du contenu spirituel à l’existence comme passage »15.

En fait, depuis que nous existons, nous les Roumains, en tant que peuple chrétien, nous avons survécu à travers les siècles justement parce que nous nous sommes donnés à Dieu par notre esprit sacrificiel. Cette réalité est soulignée par Sa Béatitude le Père Patriarche, en scrutant les siècles d’épreuves et de victoires, dans le volume intitulé « Dăruire şi Dăinuire [Don de soi et survie à travers les siècles] »16.

Et s’il faut interpréter le zèle de notre Patriarche pour l’implication dans le service social, on doit remarquer que c’est aussi un don de soi pour la survie de notre prochain qui se trouve dans le besoin. Mais c’est surtout durant ces temps marqués par une crise économique aigüe, qui est doublée d’une crise spirituelle encore plus grande, que le service philanthropique est nécessaire. « Le contraste entre la pauvreté matérielle de beaucoup de Roumains, d’un côté – dit Sa Béatitude – et la richesse spirituelle et la beauté du pays qu’ils quittent pour travailler dans d’autres pays, de l’autre, doit être la préoccupation principale aussi bien de l’Église, que des leaders politiques de Roumanie »17.

La préoccupation envers l’émigration roumaine et les enfants restés à la maison est quelque chose de prégnant pour le Père Patriarche. C’est ce qui fait que, sur tous les méridiens du globe terrestre, ont été créées les structures ecclésiastiques nécessaires pour une bonne prise en charge spirituelle des chrétiens orthodoxes roumains.

Il est difficile de résumer dans un texte anniversaire une activité si variée et si profonde. Je pense que l’allocution prononcée par Sa Béatitude lors de son intronisation est une véritable parole-programme : « Notre premier désir et notre premier devoir, en tant que nouveau Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine, consiste à garder, honorer et cultiver l’héritage spirituel lumineux laissé par notre Père de bienheureuse mémoire le Patriarche Teoctist, exemple de sagesse et de patience, d’amour fraternel envers tous les chrétiens orthodoxes, exemple de bonté envers tous les chrétiens, envers tous les hommes croyants, pacificateurs et qui font le bien »18.

Une autre pensée était celle de la communion fraternelle dans l’Église : « Notre devoir constant est de promouvoir la communion fraternelle, la coresponsabilité et la coopération avec tous les hiérarques du Saint Synode, afin de préserver et protéger la foi orthodoxe et l’unité de notre Église, ainsi que pour trouver ensemble, avec leurs Éminences et leurs Excellences, avec le clergé et les fidèles orthodoxes laïcs, des moyens adéquats pour approfondit et enrichir la vie spirituelle et l’œuvre missionnaire dans les paroisses, les monastères, les écoles théologiques, les institutions culturelles et social-caritatives de notre Église »19.

Et enfin, dit Sa Béatitude, « un autre désir que nous avons, qui devient un devoir, est l’intensification de la mission spirituelle de l’Église dans la société, au-delà des murs des lieux de culte, par l’intermédiaire de deux réseaux ecclésiaux au niveau national à savoir la radio et la télévision, ainsi qu’un quotidien de l’Église »20. Dans un monde où les médias déversent dans l’espace beaucoup de venin et de médiocrité, des sources pures et vivifiantes sont nécessaires pour l’homme qui cherche Dieu.

Pour les raisons soulignées ci-dessus et pour beaucoup d’autres, nous comprenons à quel point nous avons besoin d’un Patriarche puissant. Dans un monde où il n’y a presque plus de repères, pour nous les Roumains, et en particulier pour nous les Transylvains, le Patriarche Daniel est un repère et un Père.

Il est un Père dans le sens que les anciens donnaient autrefois à ce mot, en comprenant que le Primat, connaissant les choses de Dieu, porte sur les choses humaines un juste jugement, grâce auquel il sait guider les hommes dans la voie de Dieu21.

Sa Béatitude le Père Patriarche Daniel, Père de la nation, nous montre que « c’est seulement en étant ancré dans l’être d’une nation et d’un lieu, dans l’histoire d’une Patrie, que l’on peut porter fruit »22. Nous, ses fils spirituels, en cette date anniversaire, nous lui disons avec Saint Jean le Théologien : « prospérez à tous égards et soyez en bonne santé, comme prospère l’état de votre âme » (III Jean 1, 2).

† André, Archevêque de Vad, Feleac et Cluj,
Métropolite de Cluj, Maramureș et Sălaj

Notes :

1. Pr. Prof. Dr. Alexandru Moraru, Catedrala Ortodoxă din Cluj-Napoca [La cathédrale orthodoxe de Cluj-Napoca], manuscrit, p. 3.
2Cluj-Napoca, Inima Transilvaniei [Cluj-Napoca, le coeur de la Transylvanie], Éditions Studia, Cluj-Napoca, 1997, p. 105.
3Ibidem.
4Pateric [Apophtegmes des pères du désert], Reîntregirea, Alba Iulia, 1990, p. 193.
5. Ilie Şandru, Patriarhul Miron Cristea [Le Patriarche Miron Cristea], Éditions « Petru Maior », Târgu Mureş, 1998, p. 118.
6. Iosif Zoica, Patriarhul [Le Patriarche], in Îndrumătorul Pastoral, „Reîntregirea”, vol. XXII, 2008, p. 12.
7Ibidem.
8. Prof. Teodor M. Popescu, Îndrumări pentru preoţi [Conseils pour les prêtres], Îndrumătorul Pastoral, „Reîntregirea”, vol. XVII, Alba Iulia, 1993, p. 44.
9. Nicétas Stéthatos, Opuscules et lettres, Sources chretiennes, vol. 81, Paris, 1961, p. 293. 
10Cuviosul Siluan Athonitul, Între iadul deznădejdii şi iadul smereniei [Vénérable Silouane de l’AthosÉcrits], Deisis, Alba Iulia, 1994, p. 165. 
11. Congrès International, Familia şi viaţa la începutul unui nou mileniu creştin [La famille et la vie au début d’un nouveau millénaire chrétien], Bucarest, 2001, p. 33.
12. † Daniel, Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine, Foamea şi setea după Dumnezeu [La faim et la soif de Dieu], Éditions Basilica, Bucarest, 2008, p. 11.
13. † Daniel, Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine, Teologie şi Spiritualitate [Théologie et Spiritualité], Éditions Basilica, Bucarest, 2009, p. 10.
14. † Daniel, Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine, Foamea şi setea după Dumnezeu [La faim et la soif de Dieu], Éditions Basilica, Bucarest, 2008, p. 11.
15. † Daniel, Métropolite de Moldavie et de Bucovine, Fălcii de înviere [Flambeaux pour la Résurrection], Trinitas, Iaşi, 2005, p. 5.
16. † Daniel, Métropolite de Moldavie et de Bucovine, Dăruire şi dăinuire. Raze şi chipuri de lumină din istoria şi spiritualitatea românilor [Don de soi et survie à travers les siècles. Rayons et visages de lumière de l’histoire et la spiritualité des Roumains], Trinitas, Iaşi, 2005, p. 5.
17Ibidem, p. 342.
18Cuvânt de întronizare [Discours d’intronisation], Glasul Bisericii, n° 10, Octobre 2007, p. 16.
19Ibidem.
20Ibidem.
21. André, Archevêque d’Alba Iulia, Spovedanie şi comuniune [Confession et communion], Alba Iulia, 1998, p. 131.
22. Ioan Alexandru, Iubirea de patrie [L’amour de la patrie], Éditions Eminescu, Bucarest, 1985, p. 7.

Les dernières Nouvelles
mises-à-jour deux fois par semaine

Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale

Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale

Le site internet www.apostolia.eu est financé par le gouvernement roumain, par le Departement pour les roumains à l'étranger

Conținutul acestui website nu reprezintă poziția oficială a Departamentului pentru Românii de Pretutindeni

Departamentul pentru rom창nii de pretutindeni