Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
Pendant la deuxième guerre mondiale, la Roumanie a été marquée par la gouvernance du Général Antonescu. En quatre années seulement, la Roumanie a connu à la fois la gloire et la décadence, la victoire dans les territoires libérés mais aussi le tourbillon soviétique. Sur le plan interne, l’acte de gouvernance selon des principes rigides a fait beaucoup de victimes, parmi lesquelles de nombreux jeunes qui ont connu les atrocités des enquêtes de la Securitate et les souffrances des prisons. Invoquant la consolidation du pouvoir politique pendant une période de guerre, les autorités de l’état ont procédé à des arrestations en masse, sur la base d’accusations parmi les plus fantaisistes. C’est précisément le cas des 10 élèves de l’École Normale de Buzau, accusés d’avoir constitué une Fratrie de la Croix, le groupe n° 14.
On a considéré qu’à la tête de cette organisation il y avait le jeune Virgil Maxim, né le 22 décembre 1922, à Ciorani (département de Prahova), qui aurait succédé à Marin Naidim, diplômé de l’École Normale en juin 1942. Virgil Maxim est arrêté le 1er novembre 1942, (même si dans les documents du Service de renseignements, la Securitate, figure la date du 12 novembre). Il fait l’objet d’une enquête à Buzău et est transféré ensuite à Ploieşti en vue d’une comparution au tribunal. Par décision n° 14.409 du 3 décembre 1942 de la Cour Martiale de la Division 5 territoriale de Ploieşti, Virgil Maxim est condamné à 25 années de travaux forcés et à l’annulation de ses diplômes, pour avoir « collecté des cotisations et des subsides destinés à soutenir des associations illégales » et pour la « constitution d’associations clandestines portant atteinte à la sûreté de l’État ». Après sa condamnation, Virgil Maxim connait les atrocités des prisons de Ploieşti et d’Aiud (dès décembre 1942).
À Aiud, l’exécution de la peine se faisait en trois étapes : « le régime cellulaire », c’est-à-dire seul en cellule, avec le droit de lire ; « en commun », avec 10 à 20 détenus enfermés dans de grandes cellules, avec obligation de participer aux travaux à l’intérieur de la prison ; enfin la dernière étape consistait à sortir à l’extérieur, et à travailler dans les jardins potagers. Les détenus avaient droit à un aumônier, recruté parmi les prêtres enfermés, officiant dans la chapelle du pénitencier. Mais en mars 1943, le régime de détention devient très sévère, avec isolement, nourriture de mauvaise qualité et de nombreux châtiments corporels. La foi aide Virgil Maxim à survivre. Auparavant, il avait bénéficié d’une éducation religieuse dans le cadre des Fraternités de la Croix, éducation marquée, évidemment, par une motivation patriotique, mais également politique et légionnaire. À Aiud, il a la chance de connaître des caractères forts qui l’oriente, sur un chemin spirituel affranchi de toute influence politique, vers une attitude chrétienne au-delà de tout comportement de ce monde. Il rejoint donc le groupe des mystiques d’Aiud, où il y avait des figures marquantes, notamment Valeriu Gafencu, Anghel Papacioc, le prêtre Vasile Serghie, Traian Trifan ou Traian Marin. Après 1945, le régime de détention s’améliore et pendant une certaine période les détenus peuvent mener une vie spirituelle intense ; c’est à cette époque-là qu’ont été sculptés : le tabernacle pour le monastère de Vadimireşti, des luminaires en bois, des croix et des calvaires en miniature. À partir de 1946, Maxim travaille, avec ses collègues de détention, à Galda, l’une des fermes agricoles que l’établissement pénitentiaire a prise en métayage.
Après 1948, Maxim est transféré à Târgşor, où il connaît les débuts de la rééducation des jeunes. En 1950 il est transféré au réduit de Jilava, en 1951 à Gherla et en 1954 à Văcăreşti, pour être soumis à une enquête lors du procès de rééducation, mais il refuse de témoigner en faveur des accusateurs. Pour cette raison, il est de nouveau envoyé à Aiud et soumis à la rééducation orchestrée par le Colonel Gheorghe Crăciun. Il refuse la rééducation, manifestant sa fidélité envers la foi dans laquelle il a été baptisé. Ainsi, un informateur notait le 17 février 1964 l’affirmation de Maxim : « Lorsqu’on nous a sorti de la cellule, on ne nous a pas dit où on nous emmenait. J’ai déjà refusé de participer à cette action par le passé. Je l’ai dit au Colonel commandant. Maintenant je dis la même chose : je n’ai pas besoin et je n’accepte pas d’être rééduqué ». Pour Maxim c’était une déclaration de conscience, et de conviction religieuse, comme il l’avait fait le 1er décembre 1962 : « J’ai été actif dans l’organisation FDC de 1940 jusqu’en 1942, à la date de mon arrestation. J’ai cessé mon activité et je ne fais aucune sorte de politique depuis cette date-là… Les pêchés personnels, que j’ai commis devant Dieu, envers la société et envers moi-même, j’en parle et je les dépose, par l’acte de confession de la foi, aux pieds du Christ. Je n’ai pas participé, je ne participe pas et je n’approuve aucune offense adressée à Dieu. Je réponds seulement pour mes fautes et je ne prends pas parti ni ne réponds pour celles des autres. Je considère qu’entre la foi et la science il n’y a pas un rapport de non compatibilité, mais un rapport d’harmonie dans un acte de subordination dans lequel la foi féconde la science et lui donne une finalité, en la rendant utile à la société, d’après les lois morales les plus élevées ».
D’autres personnes partageant sa cellule ont révélé ces informations « le détenu Maxim Virgil se levait la nuit après l’extinction des feux, et faisait de longues prières », et encore comment il prêchait la vérité de la foi : « Au mois de décembre 1959, en le rencontrant dans une chambre au deuxième étage, Maxim Virgil m’a appris (bien sûr, avec mon consentement, et grâce à son insistance) plusieurs prières : Le Credo, le psaume 50, et d’autres plus courtes, ainsi que le rituel selon lequel il faut les dire, telle le matin, telle à midi et telle autre au soir, pour être un bon chrétien et pour que le bon Dieu les reçoive. Il disait que chaque chrétien doit devenir un saint… À la même époque, chaque soir, à 18h, il nous expliquait pendant une heure, voire plus, après nous les avoir récité par cœur, des textes bibliques. C’est ainsi que j’ai découvert l’Évangile selon saint Jean, le Sermon sur la montagne et des textes comparatifs entre les quatre Évangiles… Il avait un programme de prière trois fois par jour, à genoux : le matin, le midi et le soir et également l’après-midi après 17h ».
Maxim Virgil est libéré le 1er août 1964, parmi les derniers détenus d’Aiud. Néanmoins, sa liberté fut comme une deuxième incarcération pour lui, car la Securitate le poursuivit sans relâche jusqu’en 1989.
Adrian Petcu
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