Ajouté le: 20 Septembre 2022 L'heure: 15:14

Les travaux de l’Université d’été de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale

Du 22 au 25 août a eu lieu au Centre Sainte Croix, notre hôte habituel de Dordogne, en France, la réunion du clergé de l’archevêché dans la cadre de la quatorzième édition de l’Université d’été. La thématique de prédilection de cette année a été « Annoncer et vivre l’Évangile dans la civilisation technologique », ce qui se voulait une investigation théologique et pluridisciplinaire de ce qui constitue la difficulté de notre mission dans le contexte d’une civilisation imprégnée des (nouvelles) technologies, en particulier les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).

Les travaux de l’Université d’été de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale

En présence de Son Excellence Marc de Neamț, et en bénéficiant du confort logistique du Centre et du dévouement des hôtes, auxquels s’ajoute le travail et la présence discrète mais extrêmement efficace de sœur Noëlle, les travaux se sont déroulés avec la participation de quelques dizaines de prêtres et de diacres, avec la transmission en ligne pour ceux qui ne pouvaient pas être présents sur place, membres du clergé, mais aussi des fidèles de partout.

Les invités conférenciers de cette année venaient à la fois de l’extérieur de notre archevêché : le père diacre Sorin Mihalache et le professeur Adrian Lemeni de la Faculté de Théologie « Justinien le Patriarche» de Bucarest, le philosophe Bertrand Vergely de l’Institut «Saint Serge » de Paris, tout comme de l’intérieur de notre archevêché, du Centre d’Etudes et de Recherches « Dumitru Stăniloae » de Paris : le père doyen Marc Antoine Costa de Beauregard, le père vice-doyen Răzvan Ionescu et Monsieur Emanuel Dobre, directeur d’études.

Le père Marc Antoine a ouvert les débats le mardi 23 août avec une intervention sur le thème Théologie et technologie - annoncement. Cela nous a fait tous participer à une problématisation théologique de l’intersection entre l’univers humain, comme espace d’intériorité, et l’univers extérieur, technologique, qui nous tire vers l’extérieur, et le plus souvent nous dissipe ; une véritable civilisation environnementale d’inspiration technologique à l’intérieur de laquelle nous sommes appelés aujourd’hui à développer activement notre existence. La question qui se pose est comment y parvenir d’une manière spirituelle.

Prenant la parole le même jour, avec une conférence intitulée L’identité humaine dans le contexte des défis technologiques contemporains, le professeur Adrian Lemeni a offert quelques idées maîtresses, inspirées par un esprit visionnaire français (ayant vécu entre 1912 et 1994 dans la région de Bordeaux, non loin de notre lieu de réunion), à savoir le sociologue Jacques Ellul. À la différence des techniques du passé, qui peuvent être appelées des instruments, les technologies actuelles dépassent structurellement ce statut, absorbant et atténuant l’homme dans des coordonnées de fonctionnement artificielles, surtout par les milieux virtuels, avec toutes les conséquences qui en découlent. Son positionnement semble constituer un correctif contemporain et un cri d’alarme par rapport à notre vision habituelle, instrumentale.

Celle-ci a été énoncée par le diacre Sorin Mihalache le mercredi 24 août, par l’intervention La société de la connaissance et l’Arbre de la connaissance. Plaidoyer pour une réception équilibrée de la technologie actuelle. En s’inspirant des Pères de l’Église, le père Sorin a montré que selon la vision ecclésiale actuelle ce n’est pas l’objet en soi qui est mauvais, mais la manière inspirée ou pécheresse de l’utiliser. Les technologies, comme les objets, peuvent être considérées comme neutres, leur utilisation nécessite cependant du discernement. Une idée maîtresse offerte par le père diacre est que l’orientation de notre évaluation ne doit pas viser en premier lieu la technologie, mais son utilisateur, l’homme, ce qui est une vision confirmée par des témoignages provenant des saints Nicolas Cabasilas et Syméon le Nouveau Théologien. 

À son tour, le mercredi 24 août, le philosophe Bertrand Vergely a choisi de dépasser philosophiquement la neutralité ou la négativité suggérées par ceux qui l’ont précédé, en proposant que l’inspiration divine à l’origine de toute démarche technique, inspiration qui malheureusement n’est plus forcément cherchée par l’homme contemporain. De plus, l’attraction pour une instrumentalisation idéologique des technologies actuelles mène à des recherches de type homo deus dans l’aire du transhumanisme, proposées comme alternative contemporaine à l’appel vers la déification par notre Seigneur Jésus-Christ, propre à la vie ecclésiale. Ainsi, le père Răzvan Ionescu a montré que ce type de concurrence entre « l’homme amélioré » par les technologies, qui vise l’amortalité, semble être pour certains contemporains une solution incitante, oubliant l’offre chrétienne de devenir un «homme déifié», qui elle vise l’immortalité une fois le seuil de ce monde franchi, chose ignorée désormais par certains de nos contemporains. 

Les idées proposées au débat ont touché à l’existence annoncée du métaverse comme milieu virtuel qui double le monde physique, avec des intérêts financiers qui selon les estimations devraient dépasser ceux du monde physique, le rendant donc fort attractif. Le virtuel exerce en réalité une influence tout à fait réelle sur les vies de ceux qui y sont impliqués, et il y a le risque qu’il devienne, comme jadis les évasions de la réalité chez les romantiques, un refuge pour ceux qui sont fatigués ou effrayés par les défis de la vie réelle, toujours plus préoccupants. De là découle la question de savoir dans quelle mesure la vie de l’Église permettrait la participation à ce genre de monde, du moins pour la mission.

Au final, Emanuel Dobre a offert dans une intervention intitulée Utiliser le numérique dans l’enseignement de la théologie : retour d’expérience du Centre Dumitru Stăniloae, une incursion dans la réussite, mais aussi dans les difficultés et les défis de l’enseignement théologique orthodoxe à distance offert par le Centre de Paris. 

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