Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale
Revue de spiritualité et d'information orthodoxe
« Université »… c’est vrai que le mot fait sérieux, un peu pédant, un peu prétentieux, un peu ambitieux, un peu inquiétant… Tu te dis que ce n’est pas pour toi, que c’est trop sérieux : l’été, on est en vacances, après tout ! Université, pour quoi faire ? Pourquoi aller là-bas ? – Pourtant, tu peux le croire, ce n’est pas du temps perdu, ce n’est pas triste, ce n’est pas (trop) sérieux… C’est même agréable, amical, fraternel, affectueux, joyeux, festif, communautaire, convivial, « agapique », si le mot existe ! Depuis bientôt dix ans, à l’initiative de Monseigneur Joseph, les clercs majeurs et les laïcs les plus disponibles – nombreux sont ceux qui auraient voulu se joindre à nous ! – sont invités à passer quatre jours sur une sorte d’île déserte – un domaine plutôt à l’écart des villes et des distractions, difficilement joignable sur les smartphones et les ordinateurs. Il est bon pour nous de jouir de cette retraite spirituelle et catéchétique – j’allais dire « théologique », mais certains mots font peur ! Une « retraite », c’est bien de cela qu’il s’agit, au fond. Cela pourrait se passer dans un monastère ; cela se passe dans des lieux commodes, bien équipés, doués d’une merveilleuse église orthodoxe dédiée à saint Nectaire d’Égine et à sainte Foy, dans un superbe cadre naturel, au soleil de la Dordogne !
Du 22 au 26 août, notre annuelle « U-ni-ver-si-té » ! a réuni dans les locaux loués au Centre Sainte-Croix 130 adultes, dont 35 prêtres et diacres, et 40 enfants – une belle réussite pour les organisateurs ! Venus surtout des paroisses du Doyenné de France, mais également de Belgique et de Grande-Bretagne, étaient-ce des spécialistes ? – Non ! Des théologiens ? Non – sauf exceptions… Alors : des amateurs ? – Oui ! Des amateurs de l’Évangile, des Psaumes, des enseignements des saints Pères, de la divine liturgie… Des amateurs de questions contemporaines : comment vivre en chrétien orthodoxe aujourd’hui ? Qu’est-ce que l’homme ? Comment connaître Dieu ? Comment faire aimer Dieu à nos enfants ? Quelle place pour le corps ? Et trente-six et plus autres questions vitales que chacun pose ou se pose. Peu de spécialistes et de techniciens : le fidèle « lambda », le prêtre ou le diacre « lambda », qui veulent en savoir un peu plus sur la volonté de Dieu et l’enseignement des Apôtres et des Pères, pour interpréter leur vie de chaque jour ! Plus que des amateurs, c’étaient des passionnés et des fervents de Dieu, de sa Parole et de son Église… Il faut bien être un peu fou, un peu passionné, pour offrir quatre jours des vacances sacrées à l’étude et à la réflexion !
Les conférences seront publiées, nous pourrons les lire à loisir pendant l’hiver ! Un beau petit dossier était préparé pour chaque participant ; il comprenait notamment le volume « Glorifiez Dieu dans votre corps… » L’homme et son corps, Memento 11 des publications APOSTOLIA – bien utile à lire avant, pendant et après les conférences ! Ces interventions de l’été avaient pour titre, autour du thème général « L’homme et son corps », Le corps chez les Pères de l’Église ; « Tous mes membres deviennent porteurs de lumière » : quelques textes de saint Syméon le Nouveau Théologien ; Le corps chez saint Paul ; Le corps en relation avec la nature et l’environnement ; Parler aux enfants du corps ; L’ascèse corporelle et le salut ; L’évangélisation de la sexualité ; Comment parler aux jeunes de la sexualité ? ; Le corps dans les maladies psychiques et spirituelles ; Quelle ascèse pour aujourd’hui ? Néo-gnosticisme et trans-humanisme à l’assaut de la matière et de la chair… Chaque journée était ouverte par la célébration de la divine liturgie dans laquelle nous nous nourrissions corps et âme du Corps et du Sang du Seigneur. Chaque matin, une séance de mémorisation d’un texte biblique (1 Corinthiens 6, 19-20 ; Genèse 2, 7 ; Ézéchiel 37, 4-6 ; Marc 4, 26-29…) faisait participer toute la personne (après le petit-déjeuner !) pour assimiler corporellement le message du Christ dans son Église. Les conférences qui suivaient ouvraient à des questions et des échanges immédiats ou au cours d’ateliers. Les enfants et les jeunes se rencontraient dans des jeux ou dans les activités qui leur étaient proposées. On pouvait parler et échanger au cours des repas ou lors de petites promenades dans le beau parc du domaine de Sainte-Croix. Les hiérarques – le métropolite Joseph et l’évêque Marc – étaient présents pendant toute la durée de la session – luxe pastoral exceptionnel ! Les prêtres eux-mêmes étaient disponibles pour la confession et des entretiens ; ils pouvaient également échanger entre eux : un vrai bonheur que cette proximité de nos évêques, de nos prêtres et de nos diacres – le couple pasteurs-fidèles s’en est trouvé renforcé ! Et, moment délicieux, Nell et Jacques, nous firent le cadeau de séances de contes beaux à faire pleurer grands et petits…
Les moments de concentration nécessaire étaient équilibrés par la détente. Des thèmes extrêmement sérieux étaient abordés. Nous avons appris, par exemple, avec Père Vasile Mihoc, que, pour la Bible et l’Église, le mot « chair » ou le mot « âme » désignent (par « métonymie » !) l’homme tout entier, et non une partie de lui ! Nous avons entendu parler d’un « apophatisme (oh ! : encore un gros mot !) anthropologique », qui désigne « l’homme caché dans le cœur », expliquait P. Gérard Reynaud. Nous avons entendu Monseigneur Joseph commenter les hymnes de saint Syméon : notre problème, disait-il, est que nous ne croyons pas, nous ne voyons pas la réalité, celle de la présence du Christ dans notre âme et dans notre corps et dans ceux de notre prochain. Sœur Magdalen à son tour a insisté sur la sanctification du corps par la grâce : mais, pour transmettre cette vision, disait-elle, il faut en être nous-mêmes convaincus ! Père Elie a parlé du salut du corps : certes il retourne à la terre, mais il ressuscitera « glorieux » et « spirituel » comme le corps du Christ revenu d’entre les morts. Très intéressante était l’explication des maladies données par Raresh Ionascu : le corps souffre des passions de l’âme ; il les exprime ; il est le médiateur de celle-ci avec la communauté humaine et avec le cosmos ; il y a une interaction du corps et du milieu… En ce sens, le rôle de l’ascèse « pour notre temps » reste ce qu’il était de tout temps : dans les détails du quotidien (l’a.d. Claude Delangle le montrait très bien), libérer le corps de son opacité, lui rendre sa transparence, lui rendre en quelque sorte la parole.
Le message chrétien concernant la vie corporelle, et l’« évangélisation de la sexualité » elle-même, repose sur deux fondements : la parole initiale consignée dans la Genèse et promettant la déification de tout l’homme, corps et âme ; et le fait que le Verbe soit devenu homme et chair, non en s’incorporant comme dans un récipient, mais devenant réellement corps et chair – se corporéifiant (pardon pour le jargon !). À cette réalité enthousiasmante et prometteuse, s’opposent radicalement les thèses néo gnostiques et dualistes de notre temps, thèses portées par l’imposture transhumaniste, comme l’a montré Père Jean Boboc : dire que le corps n’est rien permet de l’instrumentaliser et le commercialiser à sa guise ! L’alternative biblique est bien sûr la divinisation, il faut avoir l’audace de l’affirmer et le courage de le démontrer par la sainteté.
Ouf ! Il fallait de temps en temps respirer ! L’atmosphère était en fait tout à fait respirable, malgré ces élans théologiques et anthropologiques vers les hauteurs sublimes ! L’Église est un lieu pour prier ; elle est un lieu pour penser, pour dialoguer, pour réfléchir par la grâce de l’Esprit à ce que dit le Verbe maintenant et aujourd’hui ; elle est également – écoutez bien ! – un lieu pour se réjouir, pour rire, dans une belle et allègre détente ! Au sein des conférences fusaient de joyeuses exclamations, des éclats de rire, une belle manifestation de la joie fraternelle. Quand l’homme rit, son corps justement exulte avec son âme, dans ces rires ou ces sourires pleins d’affection mutuelle, dans la légèreté de l’humour chrétien qui rime avec l’amour. Et, au moment des repas – préparés avec talent et amour ! – l’humeur était excellente : avec joie, on faisait de belles rencontres ou l’on retrouvait de vieilles connaissances…
Bien sûr, on peut améliorer ceci ou cela, et une réunion de bilan fera le point de ce qui est à prévoir pour la prochaine U-ni-ver-si-té d’été ! Bien sûr, tu peux toujours faire des propositions, apporter des projets, donner une solution, faire une critique constructive pour que la joie du Christ partagée entre nous soit plus grande ! Le Christ le veut : qu’elle soit, un jour ou l’autre, en ce monde ou dans l’autre, dans l’Université d’été ou à d’autres exceptionnels moments de la vie de l’Église – comme le fut le Congrès de la Métropole cette année – totale et parfaite ! Merci à Dieu, merci à nos pères spirituels et hiérarques, merci aux organisateurs quasi-professionnels, merci aux conférenciers, merci à tous ceux qui se sont donné la peine de venir et d’enrichir par leur présence des moments si bons… et que notre enthousiasme fasse envie à ceux qui, « pour de justes motifs », comme dit saint Basile, durent être absents ! Gloire à Dieu pour tous et pour tout !
P. Marc-Antoine Coste de Beauregard, Doyen de France
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