La mission ecclésiale s’inscrit dans la thématique originelle de l’année 2021, année dédiée par le Saint Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine à la pastoration des Roumains qui vivent à l’extérieur de la Roumanie. La source commune des conférences, des débats et des ateliers a été le travail de l’Archevêque Anastase de Tirana et de toute l’Albanie, « Mission. Sur les traces du Christ »¹, travail publié aux éditions Apostolia et offert au clergé par Son Éminence le Métropolite Joseph. Tenant compte des mesures sanitaires actuelles, 30 membres du clergé ont été présents au centre « Sainte Croix » et environ 50 prêtres et fidèles ont participé en ligne, via la plateforme Zoom du Centre Orthodoxe d’Études et Recherche « Dumitru Stăniloae » de Paris.

Le programme des trois jours a été rythmé et animé par la Divine Liturgie et l’office des Vêpres. Après chaque conférence, on a accordé du temps au dialogue libre, aux débats et aux projets, qui se sont concrétisés surtout dans le cadre des ateliers de l’après-midi. La première conférence, celle du père doyen Marc-Antoine Costa de Beauregard, a mis en évidence le charisme missionnaire de l’Église. La mission a un profond aspect christologique, le Sauveur étant le premier missionnaire envoyé par le Père. Son activité missionnaire-historique se déroule entre l’Incarnation et l’Ascension au ciel. Par la prière Notre Père, nous, les baptisés, sommes appelés à fonder le Royaume des Cieux, ici et maintenant. Le charisme missionnaire appartient à tous les fidèles ; elle n’est pas une option, c’est l’expression de notre amour envers la volonté divine. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes, mais pour le salut du monde. La mission est pneumatologique et mystique, dans la mesure où elle sanctifie le monde : « plus nous sommes proches de Dieu (plus saints), plus nous sommes proches du monde ».

Ensuite, le père professeur Vasile Mihoc a présenté le premier document missionnaire chrétien de l’Écriture Sainte, Les Actes des Apôtres. Par l’activité missionnaire-ecclésiale des Saints Apôtres, le Saint Esprit S’est manifesté pleinement dans le monde antique. Leur mission, « navire de l’Esprit Saint », fondatrice des premières églises, a été portée avec enthousiasme, courage et foi sacrificielle.

La journée suivante a commencé par la conférence de Carol Saba², qui a évoqué les défis contemporains de l’Orthodoxie missionnaire dans son universalité. Le repositionnement géopolitique de l’Église Orthodoxe devient, aujourd’hui, le pont entre l’Église et le monde. L’orthodoxie est celle qui sème la Parole, non seulement sa dépositaire. Dans le contexte de la diaspora actuelle et en vertu de la dignité missionnaire de l’Église du Christ, les églises locales sont appelées à témoigner ensemble, à la complémentarité et non à la compétition, à l’ouverture vers le monde entier et non pas à la fermeture ethnique. La mission est l’acteur principal et non pas le spectateur de l’ecclésiologie orthodoxe.

La dernière partie, la table ronde, a évoqué l’expérience de la Mission orthodoxe dans la diaspora.  Le père Justin, du Monastère Orthodoxe de Kebernéat, a souligné la vocation monastique de la mission, le moine portant le monde entier dans sa prière incessante. De même, le père a mis en évidence le fait que sa mission consiste, parmi d’autres, dans la découverte et l’honneur des saints bretons des premiers siècles. En ce qui concerne la mission en ligne de l’Église, le Père Răzvan Ionescu nous a fait part de son expérience vivante, du flash mob spirituel, qui touche les cœurs de beaucoup de fidèles orthodoxes non pratiquants. L’archidiacre Claude Delangle, saxophoniste de renommée internationale, a témoigné de l’aspect missionnaire de la musique qui sert la Parole, en mentionnant à la fois la fonction doxologique du langage théologique. L’archevêque Silouane Mussi (Patriarcat d’Antioche), tout comme Jacques Agbodjan, missionnaire au Togo, nous ont décrit les difficultés missionnaires dans les milieux précaires d’Argentine, du Liban et de l’Afrique subsaharienne. En dernier lieu, notre hôte, le père Philippe Dautais, le fondateur et le responsable du Centre « Sainte Croix », nous a rappelé la mission d’accueillir ceux qui sont à l’extérieur de l’Église. Durant les 25 ans de mission orthodoxe, 18.000 personnes à la recherche de la Vérité ont découvert la tradition philocalique, centrée sur le combat avec les pensées et avec les passions et sur l’acquisition de la liberté en Christ, le Véritable thaumaturge des âmes.

Étant présent à cette fructueuse rencontre, j’ai découvert l’histoire et l’appel missionnaire de notre Métropole de vive voix, sous le beau ciel étoilé du centre Sainte Croix. J’ai appris que Dieu travaille mystérieusement et avec force lorsqu’on se confie à Sa volonté. Les sentiers du centre ont été traversés chaque soir par notre pasteur, le Métropolite Joseph, et par des pères spirituels au regard pénétrant, chacun se réjouissant de la présence de l’autre. J’en suis parti changé, plus affermi dans la foi et avec la prise de conscience du fait que le Sauveur Jésus Christ et ce monde ont grand besoin de nous. De nous, prêtres, laïcs, l’Église missionnaire-témoin de la Parole, de la Résurrection et de la vie éternelle.

Prêtre Florin Bucă