Ajouté le: 13 Décembre 2022 L'heure: 15:14

Mon âme est blessée et je veux trouver la guérison

L’homme de nos jours, l’homme récent comme l’appelle HR Patapievici, n’a plus les assises de la compréhension spirituelle, il n’a plus de critères d’après lesquels se guider dans sa vie. C’est pourquoi il est très facile à dévoyer, il cède très facilement lorsqu’il est soumis à l’épreuve, lorsqu’il rencontre une difficulté. Nous entendons très souvent cette expression aujourd’hui : « que j’aimerais mourir pour que toutes les souffrances s’arrêtent », ou bien « j’ai envie d’en finir avec la vie, car je sens que la mort est la solution à tout ».

Mon âme est blessée et je veux trouver la guérison

Cette structure fragile de l’homme post-moderne est devenue un souci pour le Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine, il y a trois ou quatre ans, lorsqu’il s’est penché sur le problème de la famille chrétienne, en tirant un signal d’alarme sur cette réalité douloureuse, à savoir qu’un mariage sur quatre se décompose après seulement quelques années de vie commune.

Dans un tel contexte, un thème me semble important, à savoir celui de la blessure spirituelle ; il est important de prendre conscience des causes qui provoquent nos blessures et de la manière dont nous pouvons les soigner. Dès le début nous pouvons dire qu’il y a de moins en moins de gens, de nos jours, qui ont conscience de la structure profonde de l’homme, telle qu’elle était dans la pensée de Dieu lorsqu’Il a dit « faisons l’homme, à Notre image et à Notre ressemblance ».

Comme l’homme post-moderne vit de plus en plus sous l’influence des stimuli extérieurs, il a de moins en moins la capacité de s’intérioriser, de connaître son être intérieur et sa beauté. Il ne vit pas, mais soit il vit par les problèmes, soit il en est accablé, et durant les rares instants de répit que son âme peut trouver dans un programme de vie aussi chargé, puisque superficiel, il ne réussit pas à voir et à comprendre d’où vient le mal dans sa vie et comment il pourrait en diminuer les causes.

Prendre conscience des blessures spirituelles est un processus spirituel très facilement ignoré aujourd’hui, mais Saint Grégoire le Sinaïte dit que nous ne pouvons pas comprendre comment le péché agit en nous si nous ne comprenons pas comment nous avons été créés par notre Créateur. Si nous recevons par la foi les réalités que nous dévoile notre mère, l’Église, alors la lumière de la vérité pénètre en nous et nous pouvons arriver à la conscience d’être blessés spirituellement, du fait que nous sommes en guerre spirituelle, que les esprits malins sont beaucoup plus astucieux que nous, et que nous avons besoin d’être aidés.

L’aide concrète, nous la recevons par l’intermédiaire des Saints Pères qui ont combattu, et qui ont triomphé avec l’aide de Dieu, et plus encore, qui ont eu la force d’écrire des œuvres remplies de sagesse sur la manière de vaincre dans ce combat spirituel. C’est d’eux que nous recevons la lumière de la compréhension spirituelle par laquelle nous voyons d’où vient le mal dans notre vie et par quels moyens nous pouvons l’en écarter.

Le saint Apôtre Paul nous dit que c’est par le péché que la mort est venue dans le monde, et c’est aussi par le péché que la mort entre dans notre propre vie. C’est pourquoi, dans les prières de l’Église, nous rencontrons souvent cette demande, que le Seigneur nous rende dignes de vivre ce jour, ce soir ou cette nuit sans péché. C’est seulement avec l’aide du Christ que l’homme, petit à petit, s’éclaire et se libère de l’œuvre du péché.

Le péché est comme un goudron qui serre dans son étreinte l’âme soumise aux passions, et lorsque l’homme a le désir de se libérer de l’action du péché, il doit comprendre que la douleur causée par le combat avec le péché ressemble au travail d’écarter le dépôt qui s’est posé sur un objet forgé. On frappe le dépôt pour qu’il se détache de l’objet, et qu’ainsi on puisse faire apparaître la beauté conçue par le forgeron.

La capacité de voir son péché est un travail de la grâce de Dieu dans le cœur de l’homme, et cette vue appelle l’homme au repentir. Tant qu’il ne voit pas le travail du péché, l’homme se trompe et croit que ceci est une partie de lui, ou de son énergie, et il s’y identifie. Il a beaucoup de mal à s’en défaire, ayant l’impression que cela fait partie de lui-même.

Seule la lumière de la grâce donne à l’homme le pouvoir de comprendre sa filiation céleste, et active le potentiel de l’homme de vouloir vivre avec Dieu, ou bien, comme le dit Saint Silouane l’Athonite, l’homme ne peut chercher Dieu si Dieu ne le trouve pas d’abord, et c’est précisément à ce moment-là que Dieu nous trouve.

L’expression mon âme est blessée et je veux trouver la guérison trouve plusieurs synonymes parmi les expressions du repentir dans les prières de l’Église, comme par exemple « je suis une brebis perdue, appelle-moi ô mon Sauveur et sauve-moi », ou bien « comme le larron je crie, souviens-toi de moi quand Tu viendras dans Ton royaume ». Ce sont des expressions qui témoignent d’une lumière de la conscience qui vit dans le cœur de l’homme, du retour vers soi-même et du commencement du processus de retour vers le Père.

L’expression montre que l’âme est déjà consciente du fait qu’elle a besoin d’aide et qu’elle commence à apprécier les moyens que le Christ a mis à notre disposition en vue de la guérison. Quels sont ces moyens ? Ce sont les Sacrements de l’Église, par lesquels l’âme s’abreuve à la grâce divine, reçoit le pardon des péchés et s’illumine. 

À travers les Sacrements de l’Église, l’homme meurt au péché et vit à la justice de Dieu, à savoir, à chaque fois que nous nous confessons, nous mourons au péché, nous y renonçons, nous le mettons à nu devant le Christ et notre prochain, pour qu’il n’en reste plus aucun recoin, si petit soit-il, dans notre cœur, d’où il puisse détruire l’œuvre du salut. C’est ainsi que le cœur s’affermit dans la justice de Dieu. Nous devenons semblables au juste Abraham qui a cru en Dieu, et ceci lui a été considéré comme justice, comme nous apprend le saint Apôtre Paul.

Chaque fois que l’homme communie aux Très-purs Mystères, lorsqu’il reçoit en lui le Corps et le Sang du Seigneur, il communie à l’amour humble du Christ, qui, comme le disait le père Saint Sophrony Sacharov, dans la communion aux Très-purs Mystères échange sa vie contre la nôtre. Il prend notre vie abaissée et remplie de péché et nous donne en échange Sa vie divine, vie remplie des fruits de l’Esprit, remplie de la paix qui dépasse tout entendement.

Tout homme en bonne santé qui entend parler de ces choses, témoignées par l’Église, les désire. Qui ne souhaiterait pas changer sa vie, dont il est mécontent la plupart du temps, et où il ne s’épanouit pas ? Quel est l’homme qui souhaite le tourment dans ce monde, pour l’amour des tourments, sans aucun but plus élevé derrière les souffrances, telle la passion des martyrs ? Je ne pense pas qu’une telle personne existe.

Notre mère, l’Église, met à notre portée ses Mystères, mais comme le dit le Christ dans l’Évangile « rien d’impur n’entrera au Royaume des Cieux », aussi bien l’approche des Saints Mystères de l’Église doit se faire dans un esprit de repentir, avec un cœur sincère et vigilant. Autrement, nous risquons de faire notre prière « dans le péché », à savoir de rater la longueur d’onde, si je puis dire ainsi, sur laquelle on nous partage les Mystères du Christ.

Nous devons comprendre que la vie spirituelle est cachée, avec le Christ, en Dieu, et qu’elle est telle que le peu de levain qui fait lever toute la pâte, à savoir le Christ travaille avec ce qui est éternel en nous, petit à petit. Notre âme acquiert pas à pas des capacités spirituelles, par lesquelles elle devient apte à séjourner devant Dieu, mais tout cela à une seule condition, à savoir, de rester avec une âme humble devant le Seigneur.

Nous comprenons que sur le plan de l’esprit, le danger nous guette à chaque pas, y compris quand l’homme souhaite œuvrer pour le bien. Les pères nous avertissent qu’il y a beaucoup de dangers qui prennent l’apparence de la bonté. C’est d’ici que vient aussi l’adage qui dit que « le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Le père Cléopas disait encore que si l’on voit un jeune s’élever trop vite vers le ciel, il faut le tirer vers le bas par les jambes, car sinon il risque de perdre son âme.

Si nos bonnes intentions, toutes bonnes qu’elles nous paraissent, ne reçoivent pas une confirmation spirituelle, elles ne sont pas bonnes. Le père Arsenie Boca disait : « ce n’est pas ce qui est bon qui est vraiment bon, mais est bon ce qui vient de Dieu ». Par cette parole, nous comprenons à quel point il est important pour notre vie spirituelle de se confier à la protection de Dieu, de nous laisser porter par Son amour jusque dans les moindres détails de notre vie, et de nous assurer que tout ce que nous faisons n’est pas étranger à la volonté de Dieu.

Lorsque l’homme, dans les temps premiers, a choisi autre chose que ce que Dieu a voulu pour lui, ce choix lui a apporté d’être séparé de Dieu, et lui a apporté la mort ; maintenant, en essence, tout notre effort, notre labeur, n’est autre que d’apprendre à choisir la vie que le Christ met devant nous. Et la meilleure façon de recevoir cela, c’est d’accomplir la volonté de Dieu, et nous y confier.

Lorsque l’âme reste dans la volonté de Dieu, les énergies spirituelles de la vie divine inondent l’âme, la remplissent du pouvoir de rester dans le courant de la vie, la remplissent de la douceur de la vie spirituelle, et comme en témoigne Saint Silouane, l’âme ne souhaite plus autre chose que de contempler l’amour du Seigneur.

Ce n’est pas chose facile, et dans ce travail souvent apparaissent des mécompréhensions de la part de l’homme, avec des tentations qui éclairent encore plus les penchants de l’âme. Le Seigneur permet tout cela dans Son désir ardent de nous apprendre à Lui ressembler en toutes choses. C’est pourquoi, lorsque nous nous approchons de la confession et de la communion aux Saints Mystères, ce rapprochement se révèle, et nous révèle en même temps, nous montrant comment nous pouvons nous tenir en vérité devant le Christ, et comment nous pouvons communier encore plus à la vie qui se cache derrière ces Mystères.

De toutes ces révélations naissent dans l’âme la sagesse et la compréhension spirituelle. Elles sont telles, nous dit le grand saint Jean Climaque, des blessures du corps de ceux qui étaient à la guerre, mais en sont revenus vainqueurs, et ces blessures ou ces signes montrent en fait à quel point le combat a été dur, et deviennent des signes de la gloire du combattant.

Le Christ, nous dit le père Saint Sophrony Sacharov, n’a pas pris autre chose avec Lui après la Résurrection que les marques des clous. Son Corps crucifié et ressuscité, a été élevé dans la gloire portant uniquement la marque des clous. Aussi bien, nos stigmates spirituels, les souffrances et les épreuves que nous avons eues dans le combat pour vivre plus profondément les Saints Sacrements, tout cela devient notre gloire, notre pouvoir de partager dans l’éternité la vie du Christ, Celui qui a triomphé de la mort et du péché.

 

Archimandrite Melhisedec de Lupșa

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