Très‑Révérends et Révérends Pères
Très‑Révérendes Mères, Frères et sœurs bien‑aimés dans le Seigneur,

Avant Son ascension aux cieux, le Christ notre Seigneur a promis à Ses disciples qu’Il ne les laisserait pas orphelins (cf. Jean. 14, 18) et qu’Il prierait Son Père céleste de leur envoyer un autre Consolateur, qui serait avec eux pour les siècles (cf. Jean. 14, 16), l’Esprit de Vérité, qui procède du Père (cf. Jean. 15, 26) et qui les guiderait dans la vérité tout entière (cf. Jean. 16, 13).

En ce jour, l’ensemble des Orthodoxes célèbre d’un même souffle, cinquante jours après la Résurrection, la descente du Saint‑Esprit Consolateur sur les Apôtres du Seigneur, comme Il le leur avait promis, et par eux, sur des générations et des générations de chrétiens, jusqu’à nous, ceux d’aujourd’hui. Aussi chante‑t‑on aux Vêpres de la fête :

Célébrons la Pentecôte et la venue de l’Esprit, l’accomplissement de la promesse et l’exaucement de l’espérance. Ô mystère insondable, grand et admirable! Aussi Te crions‑nous : Créateur de toutes choses, Seigneur, gloire à Toi! (Premier stichère des Vêpres).

Le déferlement du Saint‑Esprit apporte avec lui « la puissance d’en haut » (cf. Luc. 24, 49), aussi bien sur les apôtres, que sur toute âme qui croit et témoigne que le Seigneur Jésus Christ est le Fils de Dieu incarné. C’est pourquoi, au Baptême, nous tous qui avons été baptisés en Christ, nous avons reçu le Sceau du Don du Saint‑Esprit sur tous nos sens et sur les membres de notre corps, afin que toutes les capacités de sensibilité, de pensée et de désir de notre être se tournent vers Dieu pour Le servir. Ainsi le Saint‑Esprit Se fait‑Il, pour celui qui veut vivre selon Lui, un guide vers la vérité tout entière.

Les dons que le Saint‑Esprit répand sur nous sont innombrables. Car l’un reçoit, par le Saint‑Esprit, la parole de sagesse, l’autre, par le même Esprit, la parole de connaissance ; un autre encore, par le même Esprit, reçoit la foi, et un autre encore, le don de guérison, par le même Esprit ; l’un a la grâce d’accomplir des miracles, l’autre le don de prophétie ; l’un le discernement des esprits, l’autre le don de parler en langues étrangères, un autre, celui de les comprendre et de les interpréter. Et tout cela est l’œuvre d’un seul et même Esprit (cf. 1 Cor. 12, 8‑11). Ainsi dit le chant des vêpres : Tout est donné par le Saint‑Esprit : Il est la source des prophéties, Il consacre les prêtres, confère la sagesse aux illettrés, transforme en théologiens de simples pêcheurs ; il accomplit toute l’œuvre de l’Eglise. (Troisième stichère des Vêpres). Et le chant des Laudes ajoute : L’Esprit Saint, lumière et vie, eau vive qui jaillit mystiquement, Esprit de sagesse, de science, de bonté, droiture, intelligence souveraine purifiant les péchés ; Il est Dieu et nous déifie ; feu jaillissant du feu, parlant et agissant Il répand les charismes venant de Dieu (Troisième stichère des Laudes).

Le don le plus précieux de tous est celui de l’amour de Dieu, répandu dans nos cœurs par le Saint‑Esprit qui nous est donné (cf. Rom. 6, 6; 1 Cor. 13). Car l’amour ne tombe jamais (cf. 1 Cor. 13, 8). Et l’amour de Dieu se fait en nous source d’amour pour ceux qui nous entourent, sans regarder s’ils en sont dignes ou non.

L’Esprit Saint est aussi Celui qui nous a fait le don de notre filiation avec Dieu, par le Baptême, car nous avons reçu l’Esprit de filiation, par lequel nous crions vers Dieu : Abba!, c’est‑à‑dire Père ! L’Esprit Lui‑même témoigne avec notre propre esprit que nous sommes fils de Dieu (cf. Rom. 8, 14‑17). C’est cela même qui nous donne le privilège d’appeler Dieu Père et d’être héritiers de Son Royaume, car si nous sommes fils, nous sommes également héritiers, comme nous l’enseigne le saint Apôtre Paul (Rom. 8, 17).

C’est aussi l’Esprit Saint qui éveille en nous la conscience d’appartenir au même Corps du Christ et de l’Eglise et d’être des membres les uns des autres, liés les uns aux autres de façon essentielle, car nous sommes tous baptisés dans un même Esprit, afin d’être un seul corps, Juifs, Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit (1 Cor. 12, 13). C’est ainsi que nous sommes devenus le corps du Christ et Ses membres, chacun d’entre nous (1 Cor. 12, 27). A cela s’ajoute un autre don, dont il est bon de devenir toujours plus conscients, dans les temps où nous vivons, il s’agit de celui de la compassion réciproque. Car si un membre souffre, tous les membres souffrent ensemble; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent ensemble (1 Cor. 12, 26). Ça n’est qu’en faisant œuvrer en nous ce don de l’Esprit Saint, que nous pourrons sortir de l’esclavage de l’individualisme et de l’indifférence qui caractérise la société où nous vivons. 

Ceci est le fondement du don de l’unité et de la communion que le Saint‑Esprit a versé sur l’« assemblée » de ceux qui ont reçu l’évangile du Royaume de Dieu. Lorsque le Très‑Haut, en descendant, confondit les langues, Il divisa les nations ; et lorsqu’Il distribua les langues de feu, Il appela tous à l’union, nous dit le Kondakion de la fête. Cette unité dans la diversité que Dieu a instituée dans toute Sa création, se répand, par l’Esprit Saint, sur la race humaine tout entière, en en faisant une totalité dont la diversité devient aussitôt richesse et beauté témoignant de Celui qui l’a créée à Son image et à Sa ressemblance.

Dans les temps où nous vivons, temps de maladies innombrables de l’âme et du corps, il est nécessaire de nous rappeler aussi le don de guérison de l’Esprit Saint qui seul visite et guérit nos faiblesses, auquel s’ajoute le don du pardon des péchés qu’Il nous a prodigué, par les apôtres et à travers eux par les évêques puis les prêtres, pour nous libérer et nous guérir, aussi bien intérieurement qu’extérieurement, de tout ce qui nous tourmente et nous disperse.

Etant pleins de gratitude pour ce riche déversement des dons de l’Esprit Saint, demandons tous au Consolateur de venir et de faire Sa demeure en nous, dans Sa bonté, et de nous purifier de toute souillure et de sauver nos âmes. 

En ce dimanche de la Descente de l’Esprit Consolateur, dirigeons tous nos pensées vers nos frères et sœurs, clercs et laïcs, ainsi que vers tous ceux qui se trouvent dans la région italienne d’Emilia Romagna, gravement éprouvés ces deux dernières semaines par des tremblements de terre à répétition, qui ont fait 17 victimes et plus de 350 blessés, et laissé sans toit ou sans emploi plus de 22 000 personnes, parmi lesquelles beaucoup d’enfants et de personnes âgées. Prions tous le Christ notre Seigneur, qui a envoyé le Très‑Saint Esprit sur Ses disciples, de répandre Sa miséricorde et de mettre un terme au séisme, afin de rendre la sérénité et un sommeil paisible aux enfants et aux parents qui vécurent ces derniers jours et nuits dans cette terreur. Faisons aussi mémoire de tous ceux qui subirent des blessures suite au tremblement de terre, ainsi que de tous ceux qui sont obligés de passer la nuit dans des voitures ou des tentes, avec leurs familles, en priant Dieu de les fortifier, de les garder, et de les reconduire vers leur maison en bonne santé et dans la joie.

Comme nous en avons déjà l’habitude depuis plusieurs années, nous organisons aujourd’hui la quête annuelle pour le soutien de notre Métropole dans ses projets pastoraux, missionnaires et sociaux. D’innombrables besoins liés à la naissance de nouvelles paroisses, aux souffrances des victimes de la crise économique qui sévit dans le monde entier, ou à des événements malheureux et inattendus, comme le tremblement de terre survenu en Italie, et auxquels sera destinée une partie de cette quête, voilà autant de raisons pour lesquelles nous avons besoin de votre soutien, chacun selon ses possibilités et surtout selon la bienveillance de son cœur, car Dieu aime celui qui donne de bon cœur (2 Cor. 9, 7).

Vos hiérarques et pasteurs, qui pour vous désirent tout bien en vue du salut,

† Le Métropolite JOSEPH de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale

† L’Evêque SILOUANE de l’Evêché Orthodoxe Roumain d’Italie

† L’Evêque TIMOTHEE de l’Evêché Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal

† L’Evêque vicaire MARC NEAMTSEANUL de l’Archevêché Orthodoxe Roumain d’Europe Occidentale

† L’ Evêque vicaire IGNACE MURESANUL de l’Evêché Orthodoxe Roumain d’Espagne et du Portugal

En notre Résidence de Paris, en la fête de la Descente du Saint‑Esprit, en l’an du salut 2012, le 1^er juin.